Par Jean-Paul Gavard-Perret
Silvère Jarrosson invente un univers tout en torsions. Cela tient d’abord à la technique employée par l’artiste : glissant une couche de peinture blanche sous une couche de peinture colorée, celle-ci la déforme par ce qui s’apparente à un mouvement tellurique. Les matières se jouxtent sans fusionner dans un magma ; l’artiste donne à la peinture l’impression de reliefs quasi métalliques.
Des corps semblent ramper sans pour autant qu’on puisse en signifier la vraie nature puisque tout semble devenir presque informel et moiré. L’acrylique reste la matière première de cet action painting qui peut ramener autant à la préhistoires de la chimie qu’à des expériences postmodernes là où l’image semble virtuelle.
Un tel travail demande beaucoup de précision. Il permet de donner plus d’instinct au savoir-faire de l’artiste. Le jeu des coulures plus ou moins larvées crée d’étranges défilés d’où émerge, par-delà la sensualité de la matière et du geste, une spiritualisation de la représentation. L’œuvre ne témoigne donc pas d’un simple plaisir de montrer.
Surgit le présent gnomique d’une contemplation spéculative. Celle-ci suspend et surprend la vision, permet d’entrer en ce qui touche à l’instable contre l’évidence factice des apparences. L’artiste les exorcise non sans une postulation mystique.
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